Interviews

7 questions à… David FOENKINOS

LR : Pensez-vous d’après les retours que La Délicatesse, roman sorti chez Gallimard en août 2009, votre huitième, marque ou marquera un tournant déterminant dans votre carrière ? Dans le journal Le Monde vous êtes décrit ainsi : « (…) même s’il touche, décidément de plus en plus juste. » La presse est unanime quant au succès de cet ouvrage.

DF : Oui, c’est certain que c’est un tournant. C’est la première fois qu’un de mes livres marche si bien. En termes de ventes, de presse, et aussi du soutien des libraires.

LR : Sélectionné aux prix Goncourt, le Renaudot, et le Médicis entre autres en 2009, les prix littéraires ont-ils une grande importance pour vous ? Est-ce là l’ultime reconnaissance de votre travail ?

DF : Non, la reconnaissance pour moi, ce sont les lecteurs. Mais être sur toutes ces listes, c’est la preuve que le livre a été repéré, et ce n’est pas rien dans une rentrée avec 650 livres !… Et puis, à mon niveau, être sur les listes est une forme de victoire car je ne me vois pas encore en obtenir un.

LR : D’où et quand vous est venu l’idée de ce roman ?

DF : Je ne sais jamais comment viennent les romans. C’est insondable. Peut-être du prénom Nathalie. Qui m’a permis de penser à cette femme, à son drame, et à sa tentative de reconstruction. J’ai pensé assez vite à cette scène où elle embrasse cet improbable Suédois. Je voyais cette pulsion du baiser.

LR : Vous avouer votre admiration pour le roman « La belle du seigneur » d’Albert Cohen. Lorsqu’un écrivain est marqué ainsi par un ouvrage, pensez-vous que ses écrits ne seront alors qu’un écho même lointain à l’œuvre modèle ? En hommage ou envie ?

DF : Pas spécialement pour Belle du Seigneur. Mais pour tous les livres de Cohen. Mangeclous est d’une drôlerie inouïe. C’est peut-être ça avant tout qui m’a influencé : son humour, sa fantaisie. Mais également sa phrase, et la noirceur de Solal.

LR : Ce chef d’œuvre est une condamnation de la passion, entre autres thèmes, votre fil conducteur est l’amour également dans vos romans, cela est-il volontaire et en rapport donc ?

DF : Non, ce n’est pas en rapport. Je ne sais pas pourquoi j’écris souvent sur l’amour, sur les femmes. C’est ainsi, mais ce n’est pas délibéré. Et surtout : je n’ai aucune conception sur rien. Il y a autant de théories que d’histoires. Même si dans La Délicatesse je parle surtout de l’importance du corps. C’est lui qui décide. Et puis je parle aussi de la qualité du bon moment. Quelque chose qui nous dépasse. On ne sait pas pourquoi on rencontre les bonnes personnes au bon moment.

LR : Auteur également de scenarii pour le cinéma, de théâtre dont la pièce Célibataires jouée par Catherine Jacob et Christian Charmetant, de BD et autres ; donnez-vous encore des cours de guitare, votre métier ou prenez-vous le temps de remplacer quelques fois les mots par des notes juste pour votre plaisir ?

DF : Non, plus de cours !… Et je joue assez peu. Ce qui me frustre d’ailleurs. J’aurais voulu avoir un groupe, faire des concerts. Mais je n’étais sûrement pas assez doué pour ça. Et puis, tout le monde est guitariste !

LR : La dernière fois que vous avez mangé des Pez, c’était quand ?
(Cf Markus, personnage de La Délicatesse)

DF : Hier !… Car depuis la sortie du livre, on m’en a offert plusieurs fois !

Film sorti le 21 décembre 2011

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