Un roman sur la pudeur et la précarité des sentiments, d’une belle écriture, fait de silences et de non-dits.
Propos recueillis par Laure Rebois
— L’amour sans le faire est une ode à la nature, aux liens familiaux, à la vie. Comment est né ce roman qui invite à changer ?
D’une envie de changer… Les livres qu’on écrit nous changent un peu, ils nous influencent pour un temps, ils décident un peu de notre vie. Pour un temps. Mais j’avais envie de parler de campagne, j’y suis souvent, j’y ai tous mes proches, j’en éprouve une nostalgie permanente…
—Votre premier ouvrage est paru en 1998 : Vu chez Le Dilettante. Aviez-vous déjà envoyé des manuscrits à des maisons d’édition essuyant des refus ?
Une bonne dizaine de refus, et donc, des romans différents, envoyés sans relâche, jusqu’au jour où le téléphone a sonné… un dimanche en plus !
—Qu’est-ce qui vous a poussé l’écriture ?
J’ai toujours eu envie d’écrire, et me vivais comme un écrivain avant même d’avoir publié. C’était ma forme de mythomanie, et j’ai beaucoup travaillé à la réaliser… Mais souvent, dans les êtres ou personnages que j’admirais, ou enviais, il y avait des écrivains, pour cette liberté, cette façon de se tenir un peu en retrait du monde, de tout en cerner… Pour certains seulement.
—Des auteurs vous ont-ils inspiré ; lesquels ?
Je ne sais pas. Franchement je ne sais pas, il y a ceux qui impressionnent, et ceux qui décomplexent. C’est pourquoi il est important de lire, et beaucoup d’auteurs différents, de se dire qu’il y a toujours quelque chose à en apprendre, à en retenir, en plus du simple plaisir de la lecture. J’ai souvent lu, en essayant de comprendre, comment c’était fait, à quel moment on passait d’un temps à l’autre, un personnage à l’autre, pourquoi, par quel prodige d’agilité mentale les ellipses ne nous perdent-elles pas ?
—Lisez-vous pendant vos périodes d’écritures ?
Oui, pour les mêmes raisons que précédemment. Pour apprendre.
—Vous avez écrit le scénario du film Elle s’appelait Sarah d’après le roman de Tatiana de Rosnay. Deux de vos romans, UV et L’Idole ont également été adaptés. Que pensez-vous de la retranscription en images par un autre auteur, de vos propres mots ?
Toute lecture est une interprétation, et que d’une certaine façon, deux personnes ne lisent jamais vraiment le même livre. Chacun projette son imaginaire sur les informations données par le texte. Une adaptation au cinéma, c’est une lecture de plus, mais qu’on peut voir.
—Quel est votre prochain projet ?
Relire ce questionnaire, pour voir si je n’ai pas dit trop de bêtises…
Et j’ai l’envie farouche d’écrire un livre, une histoire, mais n’ai rien écrit, alors je me la raconte, comme on fait revivre un souvenir ; je suis un peu plongé dedans, mais tout ça reste encore très vague, flou. À chaque fois que j’ai le profond désir d’écrire un roman, je me pose la question : mais bon sang, comment fait-on déjà… ?
(octobre 2012)
© Photo : David Ugnaszewski/Koboy/Flammarion
A lire ICI
Serge Joncour, L’Amour sans le faire, Flammarion, août 2012, 320 p., 19 €